L’une des dernières tapisseries à être tombée du métier, ou plutôt du cadre à tisser, est cette tapisserie tout en volume appelée Fantaisie en Blanc majeur. Elle aurait pu porter bien des noms : Totem Tribalba, (alba signifie blanc), La veuve blanche, L’Épousée perdue, etc.
D’ailleurs, je pourrais même proposer un vote. J’aime bien Totem Tribalba…
De la matière ! de la matière !
L’enjeu principale de cette tapisserie était la matière. Je voulais jouer avec les contrastes de blancs, ce qui est paradoxal mais peut fonctionner étant donné que tout l’enjeu se situe au niveau de la lumière et de la façon dont la matière renvoie la lumière.
Il y a donc dans cette tapisserie plusieurs matières différentes et plusieurs types de blancs : des matières synthétiques, un peu ivoire, du coton, très blanc. Il y a également des fibres plastiques que j’avais filées moi-même, qui donnent un blanc très étonnant.
L’intégration du sari jaune permettrait de donner un touche d’or et de préciosité à l’ensemble. C’est une matière que j’aime beaucoup et que je pense utiliser encore à l’avenir dans différents projets.
Les trois plans
Cette tapisserie est une sorte de cheminement et pourrait se lire de bas en haut.
Au commencement, la matière, brute et sauvage s’allonge dans le vide. Des reliefs, des volumes, de la couleur. Puis le vide.
La partie centrale est tissée en simple et triple chaine. On peut voir la redondance du chiffre trois : trois mèches baguées, trois nœuds. Le chiffre trois prend une place importante dans les rites et les contes de fées (trois frères, trois épreuves, trois étapes, trois corbeaux, trois fées, etc.)
Ici l’idée était de rappeler ces trois plans : la matière, l’émotion et l’esprit. Trois aspects de l’être humain dont il faut prendre conscience pour les développer et les maîtriser pour accéder à la structure.
Le haut de la tapisserie est très structuré avec des découpes claires dans la matière. L’idée est que, après être passé d’un chaos originel et être passé par l’apprentissage des trois plans, alors une structure de l’être est rendue possible.
Parfois, c’est bel et bien une question de taille..
Le cadre à tisser, c’est sympathique, mais vient un moment (et assez rapidement, je dois dire) où il devient un peu trop petit. J’aurais aimé cette tapisserie plus longue, et peut-être encore plus large. Elle mesure une cinquantaine de centimètres de long, ce qui en fait un tissage de type totem, mais je pense que je l’aurais aimé encore plus long.
Merci à M.B. pour les images.
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